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Une année au niveau des secteurs : les perdants de 2024 seront-ils les gagnants de 2025 ?

©REUTERS

Passons en revue les performances des différents secteurs des marchés boursiers européens en 2024. Les secteurs à la traîne ont-ils une chance de rebondir ? Nous vous proposons quelques pistes d’investissement à travers des trackers sectoriels pour vous inspirer.

Secteur financier

Les banques et les assureurs ont été les véritables locomotives des marchés européens l’année dernière. Depuis la crise bancaire de 2008, de nombreux investisseurs ont gardé un souvenir amer de ce secteur, qui n’a jamais vraiment retrouvé ses lettres de noblesse. Avant cette crise, les actions bancaires bénéficiaient d’une sorte de 'prime défensive', mais elles ont ensuite été longtemps bradées. Une revalorisation était donc logique. Les performances sous-jacentes ont également été solides ces dernières années. Une récession majeure a été évitée, ce qui a limité les défauts de paiement et permis de récupérer des provisions. Par ailleurs, la marge d’intérêt est restée saine. Après des années de taux d’intérêt très bas, la hausse des taux en 2022 a offert un certain répit. Même si une baisse progressive des taux est attendue cette année, cela pourrait ne pas être un désavantage dans l'immédiat, car les coûts de financement diminuent souvent plus rapidement que les revenus d’intérêts. Les valorisations dans ce secteur restent faibles, les bilans sont solides et les dividendes attractifs.

Amundi Euro Stoxx Banks : LU1829219390


Télécommunications

Le secteur des télécommunications a enregistré de bonnes performances. Les faibles valorisations ont permis une revalorisation. Les augmentations de prix, combinées à des réductions de coûts, ont amélioré les marges. Les entreprises de réseaux comme Nokia et Ericsson ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu. Bien que le paysage européen des télécommunications reste fragmenté, des signes récents laissent entrevoir des opportunités de consolidation, avec un soutien accru des régulateurs. En Belgique, cependant, la tendance est inverse : l’arrivée d’un quatrième acteur, Digi, a intensifié la concurrence. Il n’est donc pas surprenant que les valeurs belges du secteur n’aient pas profité de la dynamique positive. Les dividendes restent néanmoins élevés. Investir via un ETF est une option, mais attention à la forte pondération de Deutsche Telekom, qui affiche de solides performances depuis plusieurs années.

Amundi Stoxx Europe 600 Telecom : LU1834988609

Technologie

La performance modeste du secteur technologique européen est surprenante, surtout si l’on considère que ce secteur a brillé aux États-Unis. Cette différence s’explique en partie par la domination américaine dans plusieurs domaines technologiques. Cependant, certains acteurs européens, comme SAP, ont su tirer parti de la croissance rapide des segments du cloud et de l’intelligence artificielle. Les valeurs des semi-conducteurs ont, quant à elles, montré des résultats contrastés. Les segments liés aux puces pour smartphones et à l’automobile ont été à la traîne. Des entreprises comme ASML et ASMI ont souffert des restrictions à l’exportation vers la Chine et de la surcapacité chez certains clients. Lorsque vous investissez dans des trackers technologiques, soyez attentif à leur composition hétérogène et méfiez-vous des tendances surmédiatisées. Nous privilégions une sélection d’actions individuelles.

iShares MSCI Europe Information Technology Sector : IE00BMW42413

Biens de consommation

Le secteur des biens de consommation a présenté un tableau contrasté. Globalement, les entreprises n’ont pas pu augmenter leurs prix comme les années précédentes. Les consommateurs, sous pression face à l’inflation, surveillent leurs dépenses. Cela a toutefois profité à certains acteurs proposant des produits et services abordables. Dans le segment du luxe, les marques de 'super-luxe' comme Hermès ont continué à bien performer, tandis que le reste du secteur est resté à la traîne, en partie à cause de la faiblesse du marché chinois. Dans l’alimentation et les boissons, des doutes subsistent quant au potentiel de croissance des produits jugés malsains, notamment en raison du succès des médicaments amaigrissants. Le secteur des biens de consommation semble prêt pour un rebond. Les valorisations dans l’alimentation et les boissons sont relativement faibles. Récemment, une pression supplémentaire sur les cours est apparue après qu’un conseiller en santé américain a proposé d’ajouter un avertissement sur le cancer lié à la consommation d’alcool. Dans le luxe, les valorisations, longtemps élevées, reviennent enfin à des niveaux plus raisonnables.

iShares MSCI Europe Consumer Staples Sector : IE00BMW42074
iShares MSCI Europe Consumer Discretionary Sector : IE00BMW42298

©Bloomberg


Santé

Le secteur de la santé a connu une année terne, bien que les entreprises belges comme UCB/Tubize et argenx se soient démarquées. Depuis des années, ce secteur affiche des valorisations relativement faibles. Après la pandémie de Covid, de nombreuses entreprises de soins de santé ont dû faire face à des coûts supplémentaires, tandis que certaines entreprises pharmaceutiques ayant investi dans des solutions liées au Covid, comme les vaccins, ont vu leurs activités ralentir. L’incertitude persistante autour de la réglementation et des remboursements, liée à l’augmentation des coûts sociétaux (notamment le vieillissement de la population), pèse également sur le secteur. Enfin, la percée des médicaments amaigrissants a bouleversé le marché. Les entreprises disruptives, comme Novo Nordisk, ressentent déjà une concurrence accrue. Les faibles valorisations offrent des opportunités, mais il est essentiel d’être sélectif. Les valeurs biotechnologiques et pharmaceutiques peu matures présentent souvent un risque élevé.

iShares MSCI Europe Health Care Sector : IE00BMW42181

Immobilier

Le secteur immobilier a été à la traîne, en particulier en Belgique. Pendant des années, il a bénéficié d’une tendance à la baisse des taux d’intérêt, mais cette dynamique a pris fin en 2022. Les coûts de financement ont augmenté, tandis que les hausses de loyers ont ralenti dans plusieurs segments, limitant les plus-values. Les promoteurs peinent à vendre leurs projets. Les bureaux et l’immobilier commercial ont particulièrement souffert, mais même le résidentiel a montré des signes de ralentissement. Dans l’immobilier logistique, après plusieurs années exceptionnelles, des surcapacités apparaissent ici et là. Pour les investisseurs, le moment semble opportun pour un rebond, qui pourrait être soutenu par une baisse des taux d’intérêt. Les rendements des dividendes sont attrayants. Grâce à une large gamme de choix, des décotes importantes par rapport à la valeur intrinsèque et une fiscalité avantageuse sur les dividendes, les investisseurs peuvent se tourner vers des actions individuelles sur Euronext Bruxelles.

Xtrackers FTSE Developed Europe Real Estate : LU0489337690

Énergie

Les valeurs énergétiques n’ont pas particulièrement brillé. La baisse des prix du pétrole et du gaz a pesé sur les fournisseurs d’énergies fossiles. Ces derniers, longtemps sous-évalués, avaient connu un regain d’intérêt après l’invasion russe en Ukraine début 2022. Récemment, des incertitudes sont réapparues quant à la durabilité de ce segment. La récente hausse des prix de l’énergie pourrait toutefois offrir un répit. Les énergies renouvelables, à l’inverse, ont été sanctionnées en 2022. Ce segment, autrefois surévalué en raison de l’intérêt pour les investissements durables et ESG, a subi une correction dont il peine à se remettre. La hausse des taux a également rendu de nombreux projets moins rentables. Enfin, le risque de " commoditisation ", déjà observé dans l’énergie solaire, reste présent.

iShares MSCI Europe Energy Sector : IE00BMW42637

Matières premières et matériaux

Les entreprises de matières premières sont par nature cycliques. Comme le pétrole et le gaz, de nombreuses matières premières ont vu leurs prix augmenter en 2022 avant de retomber. Le ralentissement de l’économie mondiale, et en particulier la faible demande chinoise, a pesé sur les prix de nombreux métaux. Certains, comme le cuivre, pourraient toutefois bénéficier à long terme de la transition énergétique et de l’électrification. Le timing est essentiel, mais à court terme, les prix restent imprévisibles. Ce secteur s’adresse aux investisseurs prêts à prendre des risques.

Amundi Stoxx Europe 600 Basic Resources : LU1834983550


Automobile

Le secteur automobile européen a été délaissé. Les constructeurs allemands, longtemps piliers des exportations européennes, ont raté le virage de l’électrification et peinent à rivaliser avec des spécialistes moins chers. Aujourd’hui, l’Europe importe de plus en plus de voitures des États-Unis (Tesla) et de Chine. Plusieurs constructeurs ont récemment annoncé des plans de restructuration, incluant des fermetures d’usines et des suppressions d’emplois. La demande reste également faible, en raison de la faiblesse du marché chinois et du report des achats par les consommateurs, qui attendent des modèles plus abordables et performants. Le secteur pourrait encore se dégrader avant de se redresser. Les valorisations, cependant, ont déjà fortement baissé.

Invesco STOXX Europe 600 Optimised Automobiles & Parts : IE00B5NLX835

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