Au cours des dernières semaines, nous avons reçu plusieurs questions de nos abonnés au sujet des trackers qui versent des dividendes et qui investissent dans des actions de rendement. Nous y répondons une à une.
Comment est traité fiscalement le dividende d’un tracker?
L’imposition d’un tracker dépend de son origine. S’il est d’origine irlandaise ou luxembourgeoise, il n’y a que le précompte belge de 30%. Ces trackers sont reconnaissables au code ISIN commençant resp. par IE et LU. Si le tracker est d’une autre origine, vous paierez un double précompte mobilier. Pour un tracker d’origine néerlandaise (ISIN commençant par NL), vous paierez 15% de précompte mobilier néerlandais, puis 30% de précompte mobilier belge (PM) sur le dividende versé. Pour un tracker d’origine allemande (ISIN par DU), c’est respectivement 26,375% et 30%. Pour un tracker d’origine française (ISIN par FR), comptez respectivement 25% et 30%.
La bourse sur laquelle vous avez acheté le tracker n’a pas d’importance. Ce n’est pas parce que vous avez acheté un tracker à la bourse de Francfort que le dividende est soumis à la retenue à la source allemande. SPDR US Dividend Aristocrats est d’origine irlandaise et donc seul le PM belge s’applique aux dividendes payés, même si ce tracker est coté à Milan et Francfort.
Le seul tracker sur le Bel20, Amundi Bel20, verse un dividende, en l’occurrence imposé deux fois (précomptes français et belge) parce que le tracker est d’origine française. Ces 12 derniers mois, ce tracker a versé 2,31 EUR, soit, au cours actuel, un rendement brut de 3,6%. La double taxation écrème près de la moitié de ce montant. Lorsque vous achetez directement des actions belges, vous ne payez que le précompte mobilier belge, qui peut être récupéré jusqu’à 249,90 EUR (833 EUR de dividendes) au travers de votre feuille d’impôts. Ce n’est pas le cas pour les dividendes des trackers. Pour cette raison, mais aussi pour le double précompte mobilier, ce tracker n’est pas intéressant.
Existe-t-il une alternative ? Non. Ishares MSCI Belgium existe, mais ce tracker n’est en vente qu’aux Etats-Unis (code ISIN US).
Le tracker VanEck Morningstar Developed Markets Dividend Leaders (ticker : TDIV), coté sur Euronext Amsterdam et Paris, verse également un dividende trimestriel. Sur les 12 derniers mois, 1,62 EUR a été versé, ce qui, au cours actuel, représente environ 4,1% bruts. Toutefois, ce tracker est d’origine néerlandaise et est donc soumis au double précompte mobilier (néerlandais et belge).
Existe-t-il une alternative? Ce tracker a comme sous-jacent le Morningstar Developed Markets Dividend Leaders. Sur cet indice, il s’agit du seul tracker. Les positions les plus importantes de ce tracker sont de grandes entreprises comme Verizon Chevron, HSBC, Pfizer et Roche.
Existe-t-il des trackers à dividendes offrant un rendement d’au moins 3%?
Il existe de nombreux trackers proposant des rendements dividendaires élevés. Mais il s’agit souvent de trackers qui versent des dividendes régulièrement.
Tout d’abord, certains trackers investissent dans des actions présentant un track-record en termes de dividendes: les Dividend Aristocrats. Aux États-Unis, il s’agit d’entreprises qui ont augmenté leurs dividendes pendant au moins 20 années consécutives. En Europe, cette définition est moins stricte, car le track-record d’augmentation des dividendes des entreprises est moins long et celles-ci sont moins nombreuses.
Pour les actions américaines, l’ETF SPDR S&P US Dividend Aristocrats (ticker SPYD) est notamment coté sur les bourses de Francfort et de Milan. L’ETF SPDR S&P Euro Dividend Aristocrats (EUDV, Paris) verse ses dividendes deux fois par an. Au cours des 12 derniers mois, il a versé 0,8725 EUR, soit un rendement brut de près de 3,6%. Le tracker comprend des entreprises de la zone euro qui ont augmenté leurs dividendes pendant dix années consécutives ou qui ont au moins réussi à les maintenir stables. Avec Ageas et Solvay, deux noms belges figurent dans le top 10.
Le Vanguard FTSE All-World High Dividend Yield (VHYL, Amsterdam) se situe à environ 3% bruts. Parmi les dix premières positions, neuf sont des sociétés américaines. Nestlé constitue l’exception.
Global X Superdividend (UDIV) n’existe que depuis février 2022. Il verse des dividendes généreux, mais comme le cours de son action a baissé plus nettement que ses versements, le tracker affiche un rendement négatif depuis sa création de plus de 5% en glissement annuel. Un superdividende donc, mais pas de superrendement, en d’autres termes. Le tracker suit l’indice Solactive Global Superdividend V2. Van Lanschot Kempen, Vodafone et Proximus sont quelques noms familiers de l’indice, mais beaucoup d’autres sont inconnus. Le versement mensuel est également un inconvénient, les banques/courtiers facturant des frais pour percevoir les coupons.
L’iShares Stoxx Europe Select Dividend 30 (SD3PEX, Francfort et Milan) a versé 0,983 EUR sur les 12 derniers mois (en quatre fois), ce qui représente un rendement brut de 5,8%. Les banques et les assureurs représentent à eux seuls environ 45% du portefeuille. On retrouve le même indice sous-jacent chez Amundi (SEL, Paris). Cependant, le tracker d’Amundi est de loin préférable, car le dividende n’est taxé qu’une seule fois, contre deux fois pour le tracker d’iShares. Les positions clés sont NatWest Group, HSBC, ABN Amro et ING Group. Ce tracker existe également en version capitalisation (voir tableau).
iShares Euro Dividend (IDVY, Amsterdam) a versé près de 1,02 EUR au cours des 12 derniers mois, soit 5,7% bruts. Contrairement aux deux trackers précédents, celui-ci se limite aux actions à dividendes de la zone euro. Les banques et les assureurs représentent plus de 54% du portefeuille, avec ABN Amro, ING, Bankinter, NN Group et Ageas parmi les poids lourds.
Existe-t-il des trackers à rendement de capitalisation?
Les trackers de capitalisation sur les actions à dividendes sont peu nombreux.
Le tracker synthétique Amundi MSCI Europe High Dividend Factor (CD9, Paris) suit l’indice MSCI Europe High Dividend Yield. Les positions les plus importantes sont Roche, Unilever, Sanofi et Allianz. Le rendement moyen des actions du portefeuille est de 4,9% bruts. Ce tracker ne surperforme donc pas vraiment un tracker sur l’indice MSCI Europe. Le tracker iShares Euro Stoxx Select Dividend 30 précédemment épinglé existe également en version capitalisation (ticker: IDVA).
Ni l’un ni l’autre n’est enregistré auprès de la FSMA. Par conséquent, la taxe boursière est favorable (0,12%).
Le tracker iShares MSCI France (IFRE, IE00BP3QZJ36), coté sur Euronext Amsterdam, n’investit pas spécifiquement dans des actions à dividendes, mais dans les plus grandes valeurs françaises telles que LVMH, Schneider Electric, TotalEnergies et Sanofi. Ce tracker n’en est pas moins intéressant. D’une part, l’investisseur ne paie pas de précompte mobilier belge, car il s’agit d’un ETF de capitalisation, mais aucun PM français n’est dû sur les dividendes perçus par le tracker grâce à la convention de double imposition entre l’Irlande et la France.