Dans notre numéro de fin décembre, nous avons évoqué la vigueur du dollar américain et de la livre sterling par rapport à la monnaie unique européenne. Cela s’explique en partie par les vicissitudes politiques des principaux marchés que sont la France et l’Allemagne (nos voisins de l’Est organisent des élections législatives en février). Mais ce sont surtout les taux beaucoup plus élevés qui soutiennent les deux monnaies. En effet, la semaine dernière, le taux britannique à 10 ans a dépassé 4,8%. Le ‘Gilt’ dépasse ainsi son niveau d’août 2023, lorsque le taux à long terme avait atteint son maximum (4,75%), et se situe au niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2007.
Avec un taux à 10 ans de 4,8%, nous sommes bien au-dessus de l’inflation de novembre dernier (2,6% pour l’inflation globale et 3,5% pour l’inflation de base). Nous gagnons donc de l’argent en termes réels. Toutefois, les taux britanniques suivent les taux US plutôt que les taux européens, et ceux-ci augmentent également. Le Royaume-Uni semble être potentiellement à l’abri des droits à l’importation que Trump souhaite introduire. Cela profitera à l’économie britannique, mais les investisseurs peuvent craindre, comme aux États-Unis, que l’inflation reparte dès lors à la hausse. En outre, la croissance des salaires est encore trop élevée. Néanmoins, la banque centrale britannique est de plus en plus préoccupée par l’économie et le marché de l’emploi à court terme, de sorte qu’il pourrait y avoir plus de baisses de taux cette année que le marché ne le prévoit (deux baisses, en l’occurrence). Les taux britanniques se situant à nouveau à des niveaux aussi élevés, nos lecteurs sont demandeurs de trackers sur les obligations britanniques. Les cours pourraient en effet bénéficier d’une baisse des taux plus tard dans l’année, même si cela pourrait alors peser sur la monnaie. Nous en avons déniché deux.
Quels trackers?
Amundi UK Government Bond (Ticker: GILS, code ISIN: LU1407892592) verse un dividende annuel en décembre. Les frais annuels récurrents se bornent à 0,05%. Actuellement 1,18 Mrd. GBP sont gérés par le tracker, donc sa négociabilité est bonne. Le tracker contient principalement des obligations de longue durée (38,6% avec une échéance de plus de 10 ans). Ce tracker est coté à Francfort. Cependant, si vous avez des livres sterling, vous pouvez aussi acheter à Londres. Le code ISIN et le ticker sont les mêmes.
Vanguard UK Gilt GBP (VGOV, IE00B42WWV65) est également coté à Francfort. Ce tracker verse un dividende tous les mois. Vérifiez que votre banque ou votre courtier ne prélève pas de frais sur l’encaissement des coupons, car le cas échéant, le tracker avec paiement mensuel n’est pas une bonne option. Les frais annuels récurrents se limitent à 0,07%. Ce tracker est plus petit en taille (376 Mio GBP sous gestion), mais cela reste plus que suffisant. Ici, 46% du portefeuille sont investis dans des échéances de plus de 10 ans et 16,7% des obligations ont des échéances comprises entre 7 et 10 ans. Vous pouvez également acheter ce tracker à Londres (en livres). Le code ISIN et le tracker sont les mêmes qu’à Francfort.
Quelques obligations britanniques individuelles
Outre les trackers, nous proposons plusieurs possibilités d’investir directement dans des obligations individuelles. Tout d’abord, épinglons l’obligation de courte durée de la Banque européenne d’investissement (notation AAA), la BEI (XS2281370903, 92,10%). L’emprunt court jusqu’au 14 décembre 2026, soit un peu moins de deux ans. Son rendement net est légèrement inférieur à 4%. Une obligation plus longue de trois ans, également avec un intérêt à peine échu, est celle de la BIRD (note maximale AAA). Cette obligation (XS2122575678, 84,40%) court jusqu’au 21 décembre 2029 et, à 4,05%, offre un peu plus. Enfin, nous présentons une obligation du brasseur AB InBev (A-) de très longue durée, jusqu’au 25 mai 2037. Portant le code isin BE6295395956, elle est cotée à seulement 78,30% et assortie d’un coupon brut de 2,85%. Le rendement net s’élève donc à 4,18%. Le prix d’émission étant inférieur à la valeur nominale (98,83%), le rendement s’en trouve encore légèrement diminué (de 3 points de base), pour s’établir à environ 4,15%. Plus l’échéance d’une obligation est longue, plus son cours est sensible à une variation des taux.