Nationale Bank/Banque Nationale

La Banque Nationale a révélé, sur la base des données fournies par la BCE, notamment concernant la redistribution des revenus monétaires du système euro, qu'elle a enregistré une perte d'environ 3,7 milliards d'euros l'année dernière. Bien que conséquente, cette perte n'était pas totalement inattendue. Elle résulte des revenus des obligations d'État achetées à une époque où les taux d'intérêt étaient poussés vers zéro, voire en dessous, combinés à l'augmentation des intérêts versés aux banques suite aux hausses de taux des dernières années. Cet impact devrait toutefois diminuer dans les années à venir.

La publication des chiffres des autres banques nationales laissait déjà entrevoir le pire, avec notamment une perte de 114,3 Mrd USD pour la Réserve fédérale américaine. La Banque nationale de Belgique a publié  une perte record de 3,4 Mrd EUR, contre une perte de 580 Mio EUR en 2022. En raison des relèvements de taux d'intérêt de la BCE, la Banque nationale doit payer des intérêts plus élevés sur les dépôts que les banques commerciales y déposent. De plus, en raison des achats obligatoires lors du QE (quantitative easing), les actifs de la BNB sont constitués d'obligations à faible rendement, qui ont depuis perdu de la valeur. Cela coûte des milliards à la BNB. Les actionnaires recevront le dividende minimum de 1,50 EUR par action, mais une fois les réserves épuisées, ce dividende sera réduit à zéro.

La Banque Nationale de Belgique a enregistré une perte de 580 Mio EUR en 202, soit un peu moins que ce qui avait été indiqué précédemment. Peu d'espoir pour les actionnaires : cumulativement, dans un scénario de base, cette perte s'élèverait à 10,8 Mrd EUR sur une période de cinq ans. En effet, en raison de la hausse des taux d'intérêt, il faut désormais payer sur les dépôts déposés par les banques. En outre, la valeur de son propre portefeuille d'obligations a fortement baissé en raison de cette même hausse des taux d'intérêt. Seul le dividende minimum légal de 1,5 EUR par action sera versé.

Un chiffre indicatif est désormais associé aux pertes attendues pour cette année et les années à venir. Pour 2022, les dommages s'élèveraient à 600 à 800 Mio EUR, mais ils pourraient s'élever à 9 Mrd EUR au total d'ici 2027, quoique dans le pire des cas. Si tel était le cas, la valeur comptable élevée fondrait comme neige au soleil. Les pertes sont le résultat de la politique de taux de la BCE. En raison d'un taux directeur plus élevé, la BNB doit payer plus d'intérêts auprès des banques commerciales qui y placent leur argent, tandis que des taux longs plus élevés dépriment la valeur du portefeuille obligataire. Le pire est peut-être derrière nous pour le dernier cas, mais la facture ne fait que commencer à grimper pour le premier, la BCE voulant lutter contre l'inflation avec des taux plus élevés. Le dividende est en grande partie arrêté, probablement pour de nombreuses années à venir, à l'exception d'une lot de consolation de 1,5 EUR p.a.

La hausse rapide des taux a frappé la Banque nationale de Belgique en plein milieu. L'action a d'abord été suspendue aujourd'hui, après que l'action ait déjà sensiblement perdu du terrain hier suite à un avertissement de la banque centrale néerlandaise. Les échanges sur BNB ont repris cet après-midi, après quoi elle a fortement chuté. Nous avions indiqué dans le passé que la banque a pu profiter exceptionnellement ces dernières années de taux d'intérêt de plus en plus bas, ce qui s'est traduit par des gains papier élevés sur le portefeuille obligataire. Maintenant que les taux augmentent de façon spectaculaire, les cours baissent. Dans un communiqué, la BNB indique qu'elle terminera 2022 avec une perte, une perte qui pourrait encore augmenter dans les années à venir, selon une analyse des risques. Ces dernières années, la BNB a constitué des provisions à cet effet par précaution. Une autre raison invoquée par la banque est la hausse des charges d'intérêts sur les dépôts que les banques déposent auprès de la BNB, de sorte que l'augmentation du taux directeur (à court terme) est certainement négative. La BNB n'est pas encore en mesure d'indiquer quel sera l'impact sur le dividende en 2022.